Ce séjour en Toscane d'une quarantaine de membres de l'ASCO s'est déroulé du 29 septembre au 3 octobre 2016 .
Il nous a permis de découvrir de merveilleux paysages et des sites remarquables de cette architecture "pisane" dont des artisans ont initié en Corse dans un même style la construction d'églises et de chapelles à partir du XIème siècle, quand l'île, alors Patrimoine du Vatican, était administrée par l'Archevêque de Pise.
Notre groupe à SIENNE sur la " PIAZZA del CAMPO " où se déroule chaque année la fameuse course de chevaux à cru qui remonte au 13ème siècle, à l'occasion du "Palio".
Après avoir parcouru la Corse pendant une trentaine d'années consacrées à la recherche et à la restauration de chapelles romanes dans tous les coins de Corse, une délégation de l'ASCO a décidé, en septembre/octobre, d'aller en TOSCANE découvrir le berceau de l'art roman pisan que des artisans toscans ont fait éclore en Corse avec la participation active de nos compatriotes.
L'époque pisane, dite de la "pax pisana" (11ème et 12ème siècles), est celle de l'édification en Corse de nombreuses chapelles, églises, cathédrales dont l'architecture atteint la perfection pour tous ceux qui en apprécient la justesse des proportions, la sobriété des lignes et du décor alliées à une excellente exécution de la taille des pierres. Ces édifices constituent toujours, 8 ou 9 siècles après, le plus beau fleuron du patrimoine bâti corse.
C'est pourquoi nous avions hâte de découvrir la région pisane et aller à la rencontre de ses habitants dont les aïeux ont participé à la construction de ce patrimoine que nous voulons sauvegarder.
Hébergés à Lucques dans une villa typiquement toscane, nous avons rayonné dans les environs pour mieux appréhender les origines de cette architecture qui (bien que modifiée au fil du temps) attire encore chaque année de très nombreux historiens de l'art, passionnés et amateurs du monde entier.
Préparation & départ le matin pour les visites
Elle fut en effet construite à l'endroit même où l'Apôtre Pierre, chargé par le Christ de bâtir son Église, débarqua pour la 1ère fois en Italie pour se rendre à Rome!
Cette magnifique Basilique remonte au 11ème siècle, et certains membres du groupe sont ravis d'y retrouver quelques caractéristiques qu'ils ont observées dans les églises de Corse.
A Pise , la fameuse tour penchée est l'un des édifices les plus visités d'Europe .
La coupole du baptistère a été édifiée en 1152.
L'extraordinaire cathédrale romane, "Duomo di San Martino" (sur la "Piazza" du même nom), à la façade en marbre blanc pourvue d'un grandiose portique-narthex surmonté de 3 galeries remarquables par leur marqueterie de marbre, à laquelle est accolé un impressionnant campanile bichrome (sa partie inférieure étant bâtie en briques) :
Détail du haut de cette façade du Duomo San Martino,
pour mieux admirer ces arcades soutenues par des colonnettes richement décorées et sculptées
émaillée de marbres polychromes :
Ci-dessous, l'un des pans de mur entre les portails à l'intérieur du portique, avec ses extraordinaires bas-reliefs, celui du haut représentant des épisodes de la vie de Saint Martin, au-dessus d'un autre à 6 arcatures faisant partie du cycle des 12 mois de l'année (complété, comme le précédent, sur le pan de mur situé de l'autre côté du portail) représenté de droite à gauche : on voit donc ici les représentations illustrant les 6 mois allant de juillet (le plus à droite) à décembre (le plus à gauche).
Ci-dessous, 2 nouvelles églises romanes du centre de Lucques, toutes deux du 12ème siècle :
à gauche la "Chiesa dei Santi Giovanni e Reparata" dont on voit l'extrémité du croisillon sud et le campanile ; à droite la "Chiesa di San Giusto" d'orientation inusuelle, à la splendide façade (orientale!) :
L'église San Michele in Foro édifiée sur l'ancien forum romain arbore elle aussi une splendide façade romane tardive (13ème siècle) évoquant celle du Duomo en sa partie haute, en passant même de 3 à 4 galeries de semblable splendeur!
L'église San Frediano du 12ème siècle possède une façade originale surmontée d'une grande mosaïque du 13ème siècle, de style byzantin, une abside semi-circulaire dotée d'une colonnade et un superbe campanile (rappelant fortement celui de la cathédrale "San Martino" - voir plus haut) :
L'artiste du groupe reproduit ces sites sur ses aquarelles.
Les 75 maisons-tours étaient si hautes pour ce temps-là que certains médiévistes plus récents ont pu qualifier cette cité de "Manhattan du Moyen-Âge"!
Chaque grande famille voulait en effet élever une tour plus haute que celles des autres...
Il n'en reste plus que 14 (datant pour certaines d'une période légèrement plus tardive mais bâties en s'inspirant fortement des tours qui subsistaient de l'ère romane), témoignant du passé turbulent mais prestigieux de cette cité.
La splendide place triangulaire "Piazza della Cisterna" (du nom de la magnifique citerne médiévale surmontée d'une margelle au milieu de la place).
En arrière d'elle, sur la partie gauche de la photo, à la jonction de la place et de la "Via del Castello", le Palazzo Tortoli-Trecani aux fenêtres géminées gothiques est accolé à une ancienne tour romane du 12ème siècle réaménagée :
Et en photographiant dans l'autre sens (vers l'ouest) cette ample et splendide "Piazza della Cisterna", nous faisons face à 6 tours, dont voici les noms en parcourant la photo ci-dessous de gauche à droite:
Auprès de l'angle sud-ouest, celle des "Becci" (dont on ne voit pas ici la partie haute) et celle des "Cugnanesi".
Auprès de l'angle nord-ouest (vers le centre de la photo), les 2 tours placées en avant au bord de la place même sont celles des "Ardinghelli", la grande famille gibeline de la ville (ennemie et rivale en influence de la famille guelfe des Salvucci), et celle qui les surpasse en hauteur à l'arrière est la plus haute tour de la cité, la "Torre Grossa", haute de 54 mètres! Les 2 tours des Ardinghelli sont indéniablement romanes (12ème siècle), tandis que la "Torre Grossa", postérieure d'un siècle, est gothique.
Pointant au-dessus des façades du côté nord de la place, la 6ème tour de cette photo est la 2nde en hauteur des tours de la cité, la "Torre Rognosa" (52 mètres), romane (de l'extrême fin du 12ème siècle) :
Nous voici maintenant sur la toute voisine et non moins magnifique "Piazza del Duomo" prise justement depuis le grand escalier de la façade (orientale!... ce qui en Toscane n'est pas rare!) de ce "Duomo" (Collegiata di Santa Maria Assunta, nouvelle église romane passionnante de notre itinéraire!)
En face, le superbe "Palazzo del Popolo" gothique (13ème siècle) accolé à la Torre Grossa de 54 mètres, dont on ne voit ici que la partie basse creusée par un passage voûté :
Et de là on rejoint aussitôt la "Piazza delle Erbe" pour nous y retrouver face à 4 tours.
Les 2 tours (du début du 13ème siècle) s'élevant sur la partie gauche sont les tours dites "jumelles" (mais l'une est plus haute encore que l'autre) des "Salvucci", la grande famille guelfe de la ville (ennemie et rivale en influence de la famille gibeline des Ardinghelli dont nous avons vu les tours sur la Piazza della Cisterna).
Sur la partie droite de la photo, on revoit la Piazza del Duomo, mais cette fois son côté est, qu'occupe le "Palazzo vecchio del Podestà" (début du 13ème siècle) flanqué à gauche de la relativement peu élevée mais belle "Torre Chigi" (13ème siècle) et surmonté de la "Torre Rognosa" romane (de l'extrême fin du 12ème siècle, 52 mètres, 2ème en hauteur de la cité).
Au milieu du 13ème siècle, le Podestà avait interdit qu'on élève plus haut que "sa" Torre Rognosa de 52 mètres, alors la plus haute de la ville (la Torre Grossa de 54 mètres ne fut élevée qu'un siècle plus tard). Et les Salvucci, pour montrer la supériorité de leur famille, s'empressèrent alors d'élever leurs 2 tours, la plus haute atteignant juste un mètre de moins (51 mètres!)...
La face arrière de la Torre Grossa de 54 mètres, plus haute tour de la cité,
suivie d'autres photos de San Giminiano :
La Torre del Mangia au-dessus de la splendide "Cappella di Piazza" et le Palazzo Publico sur la grandiose (d'emblée très gothique) Piazza del Campo :
Toujours sur cette Piazza del Campo, la magnifique "Fonte Gaia" (autrement dit "fontaine joyeuse", en référence à l'indicible joie que manifestèrent les Siennois le jour de l'inauguration de cette merveille!) décorée par Jacopo della Quercia, très grand sculpteur siennois du début de ce "Quattrocento" toscan qui, n'ayant jamais oublié le roman, fit muter le gothique en un art nouveau nommé "Renaissance" :
Et voici le Duomo gothique, dont la façade montre à quel point les Siennois, même en adoptant de façon ostentatoire le nouveau "langage" gothique, n'ont pas du tout oublié les plus incomparables qualités de l'art roman toscan : silhouette globale, mesure, équilibre (notamment entre les lignes verticales non étirées à l'excès et les horizontales), goût de la pierre, de la marqueterie de marbre et de la richesse des contrastes de couleur... Ce sont ces mêmes qualités qu'ils ont su transposer dans la peinture, ce qui explique l'originalité et le prestige international de l'art gothique siennois!
(Puis, en dessous des photos prises à l'intérieur de cette cathédrale, d'autres photos prises durant le parcours de cette magnifique cité…)
Nous y rencontrons d'emblée des paysages sublimes!
La visite du Chianti passe évidemment par la dégustation de ses vins délicieux...
Et à la lisière occidentale du Chianti, nous nous arrêtons, avant de nous diriger vers l'étape suivante, dans le centre médiéval perché en hauteur de Certaldo, patrie du grand Boccaccio et dont le monument le plus remarquable est le Palazzo Pretorio (que nous allons voir parmi les photos ci-dessous), afin d'y vérifier que de ses vieilles pierres s'exhalent bien les effluves de ce que nous venons de déguster...
Et c'est la fin du voyage qui nous renforce dans notre volonté de préserver le patrimoine corse que nous avons hérité de la période pisane.
Merci encore à tous ceux qui nous ont fait parvenir ces superbes photos pour que tous les membres de l'ASCO puissent en profiter et refaire en image ce superbe voyage.
Un grand merci à Yves-Eric qui a initié ce voyage, à Didier qui en a préparé l'itinéraire , à Michel qui a assuré avec tact et efficacité le rôle de trésorier et ............ à chacun de vous sans qui ce périple n'aurait pas été aussi chaleureux !